Au terme d’un mois de la première campagne de fouille programmée sur l’épave Arles-Rhône 3, le chantier s’achève aujourd’hui. La journée est donc consacrée à la fermeture du site avec l’épave qui va être recouverte par un tissu géotextile sur lequel nous allons répartir une tonne de sable conditionné dans une cinquantaine de sacs tissés à gravats. Le Rhône fera ensuite le reste du travail en apportant des sédiments qui finiront de recouvrir et de protéger intégralement l’épave.
Avant de fermer le site, toute une série de prélèvements ont été réalisés. Claude Vella, maître de conférence au CEREGE (Géosciences de l’Environnement, Aix-en-Provence) est ainsi venu hier pour effectuer et prélever trois carottes de sédiments : une a été pratiquée directement sous l’épave, deux ont été réalisées au niveau du sondage situé sur le flanc de l’épave du côté du lit du fleuve. L’analyse de ces carottes permettra de mieux connaître l’environnement dans lequel le bateau a fait naufrage et, peut-être, permettre d’avancer des hypothèses concernant les conditions de ce naufrage.
Sandra a également effectué des prélèvements d’échantillons de bois qui seront destinés aux analyses xylologiques afin de déterminer les essences utilisées dans la construction du bateau. Un prélèvement a aussi été réalisé sur le matériau d’étanchéité afin de faire procéder à une analyse palynologique et permettre également de déterminer la nature des matériaux employés.
Enfin, un dernier échantillon de
En attendant, et même s’il est sans doute encore un peu prématuré pour faire le bilan de cette première campagne de fouille programmée, nous pouvons dire, au terme de ce blog qui s’achèvera ici, que nous sommes pleinement satisfaits de cette mission. Autant du point de vue humain que technique, tout s’est parfaitement déroulé. La météo a été favorable dès la troisième semaine de la mission et les conditions de travail sous l’eau (visibilité et courant), bien que changeants, ont été globalement satisfaisants. Quant aux résultats scientifiques, nous ne doutons pas que la post-fouille qui va s’engager à l’automne et l’exploitation des données va nous apporter quantité d’informations supplémentaires sur cette épave, concernant notamment le chargement de pierres, la provenance et peut-être la destination du bateau, sa construction et enfin, son environnement historique et naturel.
Pour conclure cette dernière page blog, nous tenons finalement à remercier toute l’équipe qui s’est investie tout au long de cette fouille, les partenaires qui nous ont soutenus (le Centre Camille Jullian, l’association ARKAEOS, le Musée départemental Arles antique, le CG13 et la ville d’Arles), les collaborateurs et autres chercheurs qui sont venus nous voir. Nous remercions également tout particulièrement Mathieu Pradinaud et Véronique Mesrob qui ont travaillé à nos côtés ces deux dernières semaines pour la réalisation d’un film documentaire portant sur le métier d’archéologue subaquatique. Leur présence a été agréable, tout en étant discrète, et leur aide a été appréciable.
Et enfin, nous remercions tous les visiteurs, Arlésiens et touristes et curieux, qui sont venus, de plus en plus nombreux, les mercredis pour nous entendre leur restituer un peu de leur histoire et de leur patrimoine immergé… à vous tous, donc, merci et à l’année prochaine.
Pour dernière info, les premiers résultats de cette fouille seront présentés par David Djaoui, Sandra Greck et Sabrina Marlier, lors de conférences grand public :
- le mercredi 19 novembre 2008 à Aix-en-Provence dans le cadre de conférences organisées par l’association des amis d’Entremont,
- le samedi 22 novembre 2008 à Arles au Musée départemental Arles antique dans le cadre de la semaine de la science en fête.
Et, dans le cadre d’une table ronde internationale consacrée aux « Bateaux de navigation intérieure » qu’organise par le Centre Camille Jullian, Sabrina et Sandra présenteront les résultats scientifiques concernant plus spécifiquement l’architecture et la construction du bateau ainsi que les bois utilisés pour sa construction. Ces interventions auront lieu à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, à Aix-en-Provence, le mardi 28 octobre 2008.















Leurs premières observations ont révélé qu’il s’agissait de molasses, c’est-à-dire de pierres calcaires coquillières originaires de la vallée du Rhône. Il est également très probable qu’il s’agisse de déchets de taille remployés pour les tailler en petits moellons destinés à être utilisés dans des constructions. Guidés par le flair d’Otello Badan (parc naturel de Camargue), nous nous sommes rendus, les géologues, Michel Rival, David Djaoui et Sabrina Marlier, sur les carrières de St-Gabriel situées au nord d’Arles, proche de Tarascon. 
Des tracés préparatoires à la découpe des blocs de pierres et des traces d’utilisation de coins métalliques, caractéristiques des méthodes d’extraction antiques, remarqués par Lise Leroux sur ces affleurements, révèlent par ailleurs une exploitation de ces carrières à l’époque romaine.

La fouille progresse par stratigraphie artificielle de 20 cm en 20 cm afin d’essayer de restituer, à terre, une stratigraphie archéologique des différentes couches se succédant. 
Celui-ci pourrait être en effet un bateau de servitude, lié à la vie du port, et les pierres auraient alors pu être utilisées dans l’aménagement des berges. Il pourrait également s’agir d’un chaland utilisé dans un cadre commercial et les moellons seraient alors une cargaison destinée à un programme de construction architectural. La venue, demain, de Philippe Bromblet, géologue au Centre Interrégional de Conservation et Restauration du Patrimoine (CICRP, Marseille) et de Lise Leroux, géologue aux Monuments Historiques, devraient nous permettre de préciser la provenance de ces moellons et peut-être nous éclairer sur leur utilisation. Nous nous concentrons donc actuellement sur ces pierres dont nous avons entrepris le relevé et pour lesquelles nous allons prélever des échantillons pour analyse.
Cette inscription, découverte exceptionnelle sur un bateau gallo-romain, pourrait nous apporter des informations essentielles sur le nom et l’origine du constructeur ou du propriétaire du chaland. 

... ainsi que des journalistes de France 3, de la Provence et de la radio des "Suds", venus nous interviewer aujourd’hui.




Jean-Luc et David se sont ensuite équipé de leurs palmes (et masques faciaux) pour se mettre à l’eau et ont passé une partie de la matinée à installer les suceuses à eau sur l’épave afin de débuter la fouille. 


Comme nous le redoutions, la visibilité du Rhône est cependant très mauvaise et le courant est fort. Décision est donc prise d’arrêter les plongées pour la journée et de se consacrer aux divers travaux à terminer à terre…
en espérant que la journée de demain sera meilleure…