lundi 21 juillet 2008

Lundi 21 juillet 2008

Au terme de cinq bonnes journées de travail, la troisième semaine s’est finalement achevée le samedi 19 juillet avec la visite de Patrice Pomey (directeur de recherche au CNRS, au Centre Camille Jullian, spécialiste d’archéologie navale antique), Michel Rival (ancien ingénieur de recherche au CNRS, au Centre Camille Jullian, spécialiste d’architecture navale) et celles des géologues.


La venue de Philippe Bromblet, géologue au Centre Interrégional de Conservation et Restauration du Patrimoine (CICRP, Marseille) et de Lise Leroux, géologue aux Monuments Historiques, nous a permis d’avancer sur l’étude des pierres de chargement. Leurs premières observations ont révélé qu’il s’agissait de molasses, c’est-à-dire de pierres calcaires coquillières originaires de la vallée du Rhône. Il est également très probable qu’il s’agisse de déchets de taille remployés pour les tailler en petits moellons destinés à être utilisés dans des constructions. Guidés par le flair d’Otello Badan (parc naturel de Camargue), nous nous sommes rendus, les géologues, Michel Rival, David Djaoui et Sabrina Marlier, sur les carrières de St-Gabriel situées au nord d’Arles, proche de Tarascon.


La comparaison des échantillons des pierres de chargement du chaland Arles-Rhône 3 avec ceux prélevés sur ces carrières révèle que notre chargement provenait probablement de ces carrières qui ne se présentent pas sous forme de front de taille mais sous forme d’affleurements. Des tracés préparatoires à la découpe des blocs de pierres et des traces d’utilisation de coins métalliques, caractéristiques des méthodes d’extraction antiques, remarqués par Lise Leroux sur ces affleurements, révèlent par ailleurs une exploitation de ces carrières à l’époque romaine.
Si la provenance des pierres de chargement de notre chaland semble à présent résolue (elle sera définitivement attestée avec l’analyse, en laboratoire, des échantillons prélevés par Ph. Bromblet), les deux hypothèses concernant l’utilisation de ces pierres restent toujours valables. À savoir un emploi pour l’aménagement des berges du Rhône au niveau d’Arles ou un emploi pour la construction de maisons, soit au niveau d’Arles, soit dans la section inférieure du Rhône, entre Arles et la mer, où des villas gallo-romaines étaient implantées le long du fleuve.
Aujourd’hui, lundi 21 juillet, début de la 4ème semaine de fouille sur l’épave Arles-Rhône 3. La fouille progresse sur les deux fronts : la partie centrale de l’épave où les pierres de chargement continuent à être dégagées, dessinées puis enlevées avec réalisation de prélèvements, et la partie adjacente, du côté lit du fleuve où un sondage est en cours de réalisation.


Au niveau du sondage, la couche de surface sur laquelle travaille actuellement l’équipe révèle la présence de tessons de céramique, d’une amphore quasi complète et de fragments d’amphores ainsi que de clous et d’un élément de bloc architectural. La fouille progresse par stratigraphie artificielle de 20 cm en 20 cm afin d’essayer de restituer, à terre, une stratigraphie archéologique des différentes couches se succédant.
D’ici le milieu de la semaine, nous espérons par ailleurs avancer sur le dégagement des pierres afin de pouvoir commencer à travailler sur les relevés d’architecture de l’épave.
Sinon, pour ce qui concerne l’agenda de la semaine, nous attendons la visite de M. Dominique Garcia, directeur du Centre Camille Jullian (laboratoire d’archéologie africaine et méditerranéenne – Aix-Marseille Université-CNRS), la venue de Claude Vella (géomorphologue au CNRS) qui viendra effectuer un carottage sous l’épave et de Vincent Dumas (topographe-infographe au Centre Camille Jullian) qui viendra réaliser les relevés topographiques de l’épave afin de la recaler dans le plan de la ville antique et actuelle.

1 commentaire:

Dominique Garcia a dit…

... maintenant que j'ai une identité Google/blogger (ça me manquait... encore un mot de passe à retenir...)... je peux laisser un message: je suis contraint de repousser ma visite initialement prévue demain, mercredi 23. Veuillez m'en excuser. Pourtant les images des prospections sur les carrières me laisser entrevoir une relative aptitude à saisir le dossier complexe de l'archéologie subaquatique dans le Rhône... plus cigale que silure. Transport de matériaux vers Arles ou spoliations de constructions arlésiennes? Vous me direz? Sur la deuxième photo, l'un des blocs n'est pas sans évoquer le profil de Cléopatre dans Astérix... mais prenez le soin de vérifier avant de diffuser l'info vers la BBC... cela n'engage que moi. Amicalement, Dominique Garcia